Lettre de Stéphanie

Mon cher Poupidou,


Tu as été pour nous un père très aimant, sensible et stimulant. Tu as été un homme complet et tu as su jouer plusieurs rôles clés dans nos vies;


Un bon père, un modèle, un confident, un collège, un ami.


Tant de bons souvenirs nous garderons. Tous ces beaux moments en famille. Une famille que tu as su tisser serrée et où chacun a pu prendre sa place. Quel dévouement Maman et toi avez eu pour nous. Notre épanouissement était votre mission. Ta sensibilité et ton intensité ont fait de toi un père présent, complice et aimant. Un père adorable ! 
Tu étais un homme passionné. Plusieurs de tes passions étaient contagieuses. Merci de m’avoir transmit celle pour la médecine. C’est avec fierté que je suis tes traces. Merci d’avoir été un modèle inspirant. Grâce à Maman et toi, je m’épanoui dans mon rôle de médecin. J’ai la chance d’avoir 2 beaux modèles et comme toi j’aimerais avoir les yeux pétillants pour la médecine toute ma vie.


Tu étais un homme aux milles et 1 projets. Un homme de mouvement, de changement et de vision.
La vague enthousiaste de tous tes projets est comparable à un celle d’un tsunami. Nous sommes d’ailleurs plusieurs à surfer sur celle-ci et avec toutes les idées que tu nous as transmises, nous en avons pour plusieurs générations à être inspirés. Fais-nous confiance, nous poursuivrons ton oeuvre.


Même dans les derniers moments, tu auras été très généreux de ta vivacité et de tes sourires. De nombreux visiteurs ont afflué et tu les as tous reçu avec beaucoup d'intensité et de sérénité.


Tout qu'un homme!


Nous sommes tous tristes de te perdre et l'ennui nous gagne déjà, mais le soulagement aussi. Quel combat tu as livré, tu as droit à du repos bien mérité!


Nous continuerons à mordre dans la vie avec l’intensité et le plaisir que tu y prenais.


Merci

Stéphanie

 

Lettre à mon père, Xavier Boilard

Jean,


Ce moment est pour moi, comme irréel. Je suis traversé d'une tempête d'émotions et en même temps je vis une grande sérénité.


Parmi toutes les choses que tu m'as enseignées au fil des années, 
celles-çi je vais devoir les apprendre par moi-même:


Apprendre à vivre avec ton absence, sans tes conseils, ton soutien et tes réflexions.
Apprendre à te parler sans les mots, sans ta présence, sans ton toucher.
Apprendre à transmettre tes mémoires à ceux qui ne t'ont pas connu et à te faire vivre dans mes actions et mes réflexions.


Nous avons bâti ensemble une relation Père-Fils hors du commun.


Tu as été un père qui m'as laissé vivre et apprendre de mes propres expériences, avec tout le courage que ça prends pour voir son fils trébucher et l'aider à se relever au bon moment.
Tu as été un ami qui as eu le courage de pleurer dans mes bras, montrant ainsi toute ta sensibilité et ta fragilité.
Tu as été un mentor qui a su me montrer le chemin tout en ayant le courage pour me laisser peu à peu sa place.


À la mémoire des dernières années, j'ai parfois l'impression que tu le savais au fond de toi même et qu'un jour à la fois, tu nous préparais pour ton départ.


Tu m'as appris l'espoir, l'espoir d'un futur meilleur, l'espoir que nos rêves peuvent changer les choses.
Tu m'as appris l'authenticité, l'authenticité de montrer aux autres qui je suis vraiment.
Tu m'as appris la passion, la passion d'aimer les autres et d'apprécier les petits moments de tous les jours.
Tu m'as appris la sensibilité, la sensibilité d'accepter ses émotions et de les partager avec les gens qui nous entoure.
Tu m'as appris le désir d'analyser, de comprendre ce qui m'entoure et la confiance que c'est en changeant de petites choses qu'on bâtit de grandes choses.


Tu m'as transmis le plus bel héritage, celui de poursuivre ton oeuvre et de pouvoir y mélanger mes propres rêves.
Sache que tu continueras à vivre en nous, tes idées, tes rêves, tes valeurs et surtout ton amour.


Merci

Xavier Boilard

 

Hommage à Jean, Serge Cabana

J’ai toujours trouvé tragique la condamnation à mort qui accompagnait notre acte de naissance. Cruel, de savoir que l’on va mourir. Et que l’on verra mourir ceux qu’on aime.

Je dois maintenant dire adieu à mon grand ami Jean. Le verdict est sans appel. Malgré  son incroyable volonté et nos prières désespérées. Mon chum s’en va et je n’y peux rien.

Émacié sur son lit d’hôpital, la peau sur les os, le regard toujours allumé en dépit de tout, Jean continue de défier la mort… en l’acceptant. En nous montrant le chemin vers la libération, en continuant de pratiquer son humour incisif, baveux, en nous tendant des mouchoirs pour sécher nos yeux désemparés.

Jean n’aimait pas marcher dans les traces des autres. Heureusement, il a surtout emprunté  des chemins inconnus, peu fréquentés. Explorateur des marges et des nouvelles frontières, Jean ne s’est jamais fié à rien d’autre qu’à la boussole de son intuition. Il n’a jamais carburé  à rien d’autre qu’au feu de sa passion.

D’une intelligence fulgurante, d’une mémoire prodigieuse, cet être d’exception savait aussi être un homme de cœur. Sa famille passait avant tout et quand il parlait de ses enfants, c’était avec amour et en cachant (mal) une pointe de fierté.

En amitié, il s’excusait de ne pas nous appeler souvent. Mais on se souviendra toujours de cette fabuleuse partie de hockey sur le lac qu’il avait creusé, et de ces chaleureux partys du jour de l’an dans la campagne de Cookshire.

Et puis Jean était toujours là, quand on avait besoin de lui. Ses proches savent combien la profondeur de la réflexion de Jean et l’acuité de ses remarques personnelles vont nous manquer. Il osait dire ce que l’on craignait parfois d’entendre.

J’en veux au ciel de m’enlever mon ami alors que j’avais tant de projets avec lui. Toutefois Jean aura vécu intensément. Sans trop de concessions. Améliorant des milliers de vie. Touchant profondément combien d’autres. Réalisant ses rêves. Nous laissant un riche héritage.

J’ai eu la chance d’avoir Jean dans ma vie pendant 40 ans! Un privilège pour lequel je remercie la vie.

Je ne sais pas comment ça se passe « de l’aut’bord ». mais j'me dis que peut-être qu’ils regrettent déjà de l’avoir rappelé si tôt. Parce que j’imagine facilement Jean déjà en train de brasser la cage et de remettre en question tout le système, là-haut.

Merci mon ami!

Je salue le Grand Guerrier en toi!

 

Prière indienne, lue par Anne Dansereau

À ceux que j'aime... et ceux qui m'aiment

Quand je ne serai plus là, relâchez-moi, laissez-moi partir.

J'ai tellement de choses à  faire et à voir.

Ne pleurez pas en pensant à  moi.

Soyez reconnaissants pour les belles années.

Je vous ai donné mon amitié, vous pouvez seulement deviner le bonheur que vous m'avez apporté.

Je vous remercie de l'amour que vous m'avez démontré.

Maintenant, il est temps de voyager seul.

Pour un court moment, vous pouvez avoir de la peine.

La confiance vous apportera réconfort et consolation.

Nous serons séparés pour quelque temps. Laissez les souvenirs apaiser votre douleur. Je ne suis pas loin, et la vie continue...

Si vous avez besoin, appelez-moi et je viendrai,

Même si vous ne pouvez me voir ou me toucher, je serai là.

Et si vous écoutez votre coeur, vous éprouverez clairement la douceur de l'amour que j'apporterai.

Et quand il sera temps pour vous de partir, je serai là pour vous accueillir. Absent de mon corps, présent avec Dieu.

N'allez pas sur ma tombe pour pleurer, je ne suis pas là, je ne dors pas.

je suis les mille vents qui soufflent,

je suis le scintillement des cristaux de neige,

je suis la lumière qui traverse les champs de blé,

je suis la douce pluie d'automne,

je suis l'éveil des oiseaux dans le calme du matin,

je suis l'étoile qui brille dans la nuit...

N'allez pas sur ma tombe pour pleurer,

Je ne suis pas là. Je ne suis pas mort.

écrite par Charlotte Newashish-Flamand, de la nation Atikamekw

 

Extraits du Livre de la vie par Martin Gray

La mort, c'est toujours la grande épreuve.

Contre l'angoisse de la mort, il faut dresser le barrage de la vie

et  s'ouvrir à l'infinie beauté du monde.

Il y a les hommes, cette vie aux milliards de visages qui se poursuit et s'amplifie. Ceux qui demeurent, ceux qui naissent, l'ensemble des hommes, continuent de faire vivre ceux qui sont morts.

La mort ne peut être vaincue que par la fraternité avec les autres.

Être fidèle à ceux qui sont morts ce n'est pas s'enfermer dans sa douleur.

Il faut continuer de creuser son sillon : droit et profond.

Comme ils l'auraient fait eux-mêmes.

Comme on l'aurait fait avec eux. Pour eux.

Être fidèle à ceux qui sont morts c'est vivre comme ils auraient vécu.

Et les faire vivre en nous.

Et transmettre leur visage, leur voix, leur message aux autres.

À un fils, à un frère, ou à des inconnus, aux autres quels qu'ils soient.

Et la vie tronquée des disparus alors germera sans fin

 

Valse Souvenir

d’Anne Dansereau pour Jean, fête de ses 60 ans, mars 2009

 

Je pense à vous mes vieux amis

Vieilles branches dans mon arbre de vie

Je pense à vous, à  ma jeunesse

Pour vivre mieux ce qu’il en reste

Je pense aux fleurs que nous avons semés

Aux fleurs que nous avons cueillies

Je pense à vous souvent

Serge Suzanne Danielle Benoit et Jean

Valsent les souvenirs

Valsent valsent en mon coeur

Un pas pour la douleur, un pas pour le bonheur

Un pas pour le dehors, un pas pour le dedans

Tout déposé par en dedans

Les fruits donnés et partagés

Ce qui me vient de vous longtemps

S’est déposé tout doucement

Je pense à vous mes vieux amis

Vieilles branches dans mon arbre de vie

La sève court toujours sous l’écorce du temps

Vive comme les rêves de nos premiers printemps

Valsent les souvenirs

Valsent valsent en mon coeur

Un pas pour le passé, un pas pour l’avenir

Valsent valsent en mon coeur

Valsent nos soixante ans sur le pont d’aujourd’hui

Valse la vie, valsent mes chers amis